L’art actuel peut-il se faire entendre ?

Vue du plafond de la salle académique de l'ULg

Vue du plafond de la salle académique de l’ULg

Telle était la question posée par Philippe Dagen lors de sa conférence donnée ce 14 octobre en la salle académique de l’Université de Liège. Et il s’entend qu’artéus était présent pour écouter ce critique d’art au journal Le Monde, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’Université de Paris et auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’art actuel.

Cette conférence était organisée par l’ALPAC, représentée par Julie Bawin et en collaboration avec le Service d’Histoire de l’art de l’époque contemporaine de l’ULg.

Le conférencier a choisi pour thématique de réfléchir sur la situation de la création actuelle par rapport au monde dans lequel elle se fait, et ce, en présentant deux parts contradictoires.

D’une part, Philippe Dagen  constate une présence de plus en plus manifeste, depuis une quinzaine d’années, des questions sociales, politiques, religieuses en tant que réflexion de l’artiste par rapport au monde dans lequel il vit. C’est souvent l’actualité qui est la source de création. Il nous montre des œuvres actuelles de Mona Hathoum, Gerhard Richter, Kader Attia, …

Mona Hathoum_Mobile Home_2005

Mona Hathoum_Mobile Home_2005

Ces artistes contemporains mettent l’actualité au centre de leur création. Ils travaillent pour la plupart avec peu de moyens.

Pour le conférencier, c’est en 1997, lors de l’exposition « Face à l’histoire » au Centre Pompidou, que ce mouvement a débuté.

De plus en plus d’expositions et d’artistes confrontent des œuvres anciennes et des œuvres actuelles.

Dans le même ordre d’idée, de  nos jours, les grands musées d’art contemporain repensent leur accrochage. Ils réorganisent la disposition des œuvres dans une vision plus transversale, en posant des questions.

D’autre part, et de façon contradictoire, Philippe Dagen souligne  la surévaluation financière de certains artistes sur un marché de l’art de plus en plus prospère. Il prend notamment le cas de Jeff Koons. Alors qu’à ses débuts, cet artiste exploitait une obscénité manifeste dans ses œuvres (Silver Shoes), il est devenu aujourd’hui l’artiste contemporain vivant qui a battu le record mondial de vente chez Christie’s pour son Balloon Dog orange (voir photo). Ce chien en aluminium poli, inspiré des ballons auxquels on donne une forme à destination des enfants, s’est vendu 55.405.000 dollars. Vous avez bien lu… plus de 55 millions !
Désormais, il se présente comme un père modèle de famille nombreuse et crée des œuvres qui renvoient au monde du divertissement et de l’enfance, au caractère luxueux, dépourvues de charge particulière. Son histoire d’artiste est même réécrite afin de ne pas mettre en avant ses créations pornographiques, notamment dans les catalogues d’exposition et de vente.

Jeff Koons_Balloon Dog (Orange)_2008

Jeff Koons_Balloon Dog (Orange)_2008

Philippe Dagen nous montre des œuvres passées et récentes de Damien Hirst et de Haruki Murakami afin d’illustrer ce type d’art contemporain, qui rejoint de plus en plus le monde du luxe.

Damien Hirst était peu soucieux de ménager les susceptibilités. A l’heure actuelle, son objet fétiche est l’aile de papillon.

Haruki Murakami, Panda 2003. Remarquez la malle sur laquelle il est posé. Evidemment une Louis Vuitton.

Philippe Dagen fera également un parallélisme entre ce marché de l’art et les mondes du sport et du luxe. Au sein des trois, les investissements sont considérables. Ils fonctionnent en vase clos et ils utilisent des safoir-faire que l’on ne peut transférer ailleurs. Ils font rêver, ils divertissent.

Les médias préfèrent d’ailleurs cet art de séduction et de divertissement.

Le conférencier fera aussi un lien entre la production d’une œuvre d’un Jeff Koons et celle d’un carré d’Hermès (le célèbre foulard). Ces artistes sont proches du monde de l’industrie. Ils ont souvent une équipe qui travaille pour eux. Cela nous a directement fait penser au monde de la Haute Couture. Que serait le créateur de mode sans ses « petites mains » ?

Son exposé montre volontairement une division binaire de la création avec pour seul objectif une prise de conscience. Deux mondes artistiques entre lesquels la lutte est très inégale et dont les vainqueurs, selon lui, ne font aucun doute.

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